LES AQUEDUCSDE BARBEGAL ET D'ARLES

(philippe Leveau)

 

 Les aqueducs de Barbegal et d'Arles : identification du tracé

Commentaire des deux rapports portant

sur les communes de Fontvieille, Maussane et Paradou

 

État de la question

Le tracé des aqueducs de Barbegal et d'Arles a fait l'objet de nombreuses reconnaissances qui ont très tôt permis d'en restituer le tracé général. La carte que Fernand Benoit a réalisée pour la Forma orbis romani en 1936 et qu'avait reprise Albert Grenier, est parfaitement satisfaisante. Pour autant le travail méritait d'être repris pour deux raisons principales. La première est la nécessité de donner une localisation précise des parties visibles et souterraines de l'aqueduc qui en permettent la protection, c'est-à-dire la position cadastrale. Celle-ci avait été partiellement réalisée pour les relevés effectués entre 1989 et 1994 par des étudiants en archéologie de l'Université de Provence : Renate Eckendorf puis Jean-Michel Arthaud pour l'aqueduc nord des Alpilles, par Laetitia de Boissesson pour l'aqueduc de Barbegal. L'ensemble avait été étudié de manière indépendante par Etienne Blanchet qui a réalisé un travail d'une précision remarquable au plan topographique. Intitulé « Aqueducs romains. Essai de recherches détaillée du tracé de l'aqueduc nord des Alpilles, complété par un aperçu sur le tracé de l'aqueduc sud et de la portion de Barbegal à Arles », ce travail a fait l'objet d'une diffusion par reproduction privée en 1999. En 2001, il a été complété pour le trajet du pilier de Barbegal à Arles. L'ouvrage était décrit à partir de points numérotés de 1 à 59 pour l'aqueduc d'Arles des sources jusqu'à Barbegal, de 1 à 18 pour l'aqueduc de Barbegal, de 58 à 68 pour la partie Barbegal-Arles. Mais E. Blanchet ne prenait pas en compte le cadastre. Ces différents points étaient positionnés sur une carte au 5 000e. Chaque point faisait l'objet d'une fiche consistant en une description accompagnée d'une photo et d'un croquis. E. Blanchet réalisait un premier nivellement de l'ouvrage. En revanche, il n'indiquait pas les coordonnées (XY) des différents points.

Montage de l'opération d'inventaire topographique

De outils nouveaux, -le positionnement par GPS et la cartographie numérique-, permettaient d'améliorer la connaissance de l'ensemble, en particulier de combiner avec un minimum d'erreurs la position topographique du canal et des ouvrages d'art désormais localisés par leurs coordonnées ainsi que d'en connaître leur situation cadastrale. Ce travail a été rendu possible par la participation de groupes de randonneurs dans le cadre d'un projet suscité par la Ligue de défense des Alpilles. Appartenant aux différentes communes des Alpilles et réunis dans le Rassemblement des Associations pour le Parc Naturel Régional des Alpilles, ils ont entrepris de reconstituer le tracé complet deux aqueducs d'Arles et de Barbegal,

Invité par le Parc Naturel Régional des Alpilles (PNRA) à participer au pilotage de cette opération, j'ai ouvré pour la prise compte des impératifs de cartographie qui permettaient d'intégrer cet inventaire dans la Carte Archéologique du Ministère de la Culture. Afin de réaliser un document utilisable par les services de la Région et de l'État appelés à intervenir dans des actions de protection et de valorisation, nous avons demandé l'aide du service de la carte archéologique. C'est ainsi que Pascal Barthès, Ingénieure d'Étude, est intervenue dans la réalisation d'une fiche unique qui devait réunir les informations archéologiques et celles qui portaient sur le milieu naturel. Nous lui sommes particulièrement reconnaissante de la disponibilité dont elle a fait preuve.

Durant l'année 2008, des réunions ont permis d'assurer la convergence des différentes opérations et la production de rapports portant sur deux sections. Réalisé par Jacques Lucas, à partir du travail de terrain de Micheline et Jean-Pierre Lombard, Michel Martorell, Claude Dordron et Jacques Lucas lui-même, le premier porte sur la section située entre la chapelle Saint-Jean et la Croix de Jousseaud sur la commune de Fontvieille. Le second résulte du travail d'un groupe de Paradou et Maussane, réunissant, Marie-Paule Georges, Michèle Cavenago et Philippe Castermans. Ce dernier en a été le rédacteur principal du rapport les travaux de ce groupe.

I - L'aqueduc d'Arles entre la chapelle Saint-Jean et la Croix de Jousseaud sur la commune de Fontvieille

Le rapport fourni par l'équipe des randonneurs de Fontvieille donne une localisation géoréférencée de tous les points où l'aqueduc est visible et de ceux où son passage est supposé.

Sur cette partie, je distinguerai trois sections en fonction des problèmes spécifiques que pose la restitution du tracé.

1 - Entre la Chapelle Saint-Jean et les carrières

Au sud de la D 33, dans un secteur de plaine agricole à la topographie peu différenciée allant jusqu'aux carrières de Fontvieille, le tracé de l'aqueduc est mal connu. E. Blanchet proposait un parcours qui faisait passer l'aqueduc entre la chapelle Saint-Jean et la D. 33a, puis piquait droit vers le sud à l'est du mas Brigard. Il se fondait sur les indications d'agriculteurs qui avaient rencontré l'ouvrage au cours de travaux agricoles. C'est ce tracé que le groupe des randonneurs de Fontvieille s'est proposé de préciser dans le rapport joint.

2 - Dans les carrières et le village de Fontvieille

Le tracé de l'aqueduc est mieux connu dans les anciennes carrières de Fontvieille qui dans leur plus grande partie appartiennent à la Marine Nationale. Dans ce secteur, l'ouvrage qui n'est plus accessible est connu par des observations anciennes. Il a été en revanche possible de le retrouver plus à l'ouest dans le village, en particulier au château de Montauban et à l'allée des Pins. Dans tout ce secteur, où le conduit est bien conservé, il a pu être positionné avec précision.

3 - Dans les Vallons de Raymonds

Une attention particulière a été portée au secteur dit des vallons des Raymonds entre l'ancienne carrière devenue « ball trap » et la Croix de Jousseaud. Le conduit est conservé dans sa quasi totalité sauf dans les vallons qui descendent du nord vers la vallée des Baux. Au nombre de six, ces vallons qui étaient empruntés par des chemins reliant Fontvieille à la D 482 étaient franchis par autant d'ouvrages en majorité bien conservés et d'un grand intérêt archéologique et patrimonial. Ce sont d'ouest en est, le vallon des Sumians, le vallon des Raymonds proprement, le vallon Charmassonne, le vallon Porteau, le vallon Peissonnier et le vallon Roux. Les ouvrages les moins bien conservés sont ceux qui franchissaient le vallon des Raymond, le plus large, et le vallon Roux juste à l'ouest de la D33. Au mois de juin 2008 et durant l'automne, le groupe des randonneurs de Fontvieille a effectué le positionnement très précis de ces ouvrages qui à l'exception du dernier se situent dans le domaine communal et ont entrepris leur débroussaillage et leur nettoyage. Il est de ce fait possible de les étudier avec précision.

II - L'aqueduc de Barbegal sur les communes de Maussane et de Paradou du quartier Flandrin au chemin de Saint-Eloi

Le bassin collecteur de la Burlande visible à la « Petite Provence », assurait la convergence de deux branches venues l'une de Maussane, l'autre de la Fontaine d'Arcoule sur la commune de Paradou. L'équipe de Maussane et de Paradou a réalisé un document donnant une localisation géoréférencée de tous les points où l'aqueduc est visible et de ceux où son passage est supposé ainsi que leur situation cadastrale.

 

1a - De la fontaine d'Arcoule à la Burlande

Si la découverte du bassin de Burlande a confirmé l'hypothèse d'une alimentation par la Fontaine d'Arcoule, en revanche, on ne dispose d'aucun témoignage assuré sur le parcours de la canalisation entre la fontaine et le bassin collecteur. Les points 7 et 8 supposés par E. Blanchet ont été revus.

1b-  Du Quartier Flandin à la Burlande

La première attestation certaine de l'aqueduc se trouve au quartier Flandrin à Maussane. Il est probable que le conduit collectait les eaux des sources d'Entreconque, du Mas de la Dame et de Manville situées en amont.

2 - De la « Petite Provence » au chemin des Alpilles

Le secteur compris entre la « Petite Provence » au chemin de Saint-Éloi avait fait l'objet de fouilles de sauvetage confiées à Michel Gazenbeek, puis placées sous ma responsabilité. Elles ont fait l'objet de rapports. Michel Gazenbeek en avait été donné une synthèse dans le volume Alpilles de la carte archéologique.

Le rapport donne un état de la question.

Conclusions

1 - Fruit d'une concertation, les inventaires réalisés sur les communes de Fontvieille, Paradou et Maussane concilient les besoins définis par le Comité de Pilotage mis en place par la commission « Connaissance et vie du territoire » du PNRA et ceux de la Carte Archéologique  du Ministère de la Culture. Ils serviront de modèle aux équipes qui oeuvrent pour la réalisation des inventaires des autres communes des Alpilles en vue de la protection et de la mise en valeur du monument.

2 - Ces inventaires servent de base aux demandes de sondages formulés pour 2009 afin de préciser la position de l'aqueduc entre la Chapelle Saint-Jean et les carrières de Fontvieille.

 

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