L'EAU DANS LA VILLE D'ARLES  (philippe  Leveau)

 

 

Pour 2008, comme il était prévu, M. Heijmans a revu la documentation autrefois réunie par F. Benoit dans la Forma Orbis Romani des Bouches-du-Rhône (1936, p. 144-146, Arles 22) et l'a complétée. Cette documentation a été publiée dans le volume que lui-même et M. P. Rothé ont dirigé. Le bref rapport qui suit en résume l'apport.

Arles, la ville en rive gauche

Ce volume donne un aperçu de la documentation disponible sur la gestion de l'eau dans la ville. L'aqueduc n'est pas en effet la seule source possible. Sur un site comme Arles, il faut compter avec les puits dont la proximité de la nappe phréatique facilitait le creusement (17 occurrences dans l'index thématique). La récupération de l'eau pluviale et son stockage dans les citernes a été également pratiquée. Mais quatre exemples seulement sont cités et dans un seul cas un dispositif de récupération des eaux pluviales a pu être décrit (au jardin d'hiver, 175*, p. 497).

La section de l'aqueduc la mieux connue se situe entre l'entrée dans la ville sous la Porte de la Redoute et l'amphithéâtre. Elle correspond à la partie en tunnel sous l'Hauture et à la partie proche de l'amphithéâtre (Rond-point des Arènes) (CAG 13/5, 27*, p. 272-273 et 178*, p. 502). Les données publiées permettent d'écarter l'hypothèse de la présence d'un castellum diuisorium. M. Heijmans qui a revu le site considère qu'il s'agit bien d'une citerne. Mais il n'y a observé aucune relation avec l'aqueduc et encore moins de départ de canalisation (ibid., 80*, p. 389-390). Aucune autre hypothèse pour le château d'eau est envisageable aujourd'hui. En revanche, la publication du rapport de montre que le bassin découvert en 1920 contre la travée 35 de l'amphithéâtre était bien en relation avec l'aqueduc qui passe à proximité. Pour autant aucune relation entre celui-ci et l'amphithéâtre n'a pu être établie (ibid., p. 282).

L'inventaire des tuyaux de plomb découverts permet d'appréhender au moins partiellement l'existence d'un réseau d'adduction sous pression. Les sites de découvertes sont le Palais de la Trouille dans les thermes de Constantin (ibid., 78* p. 388), le secteur de la Cité au sud de l'église des Cordeliers (ibid., 132*, p. 411), le Quartier Charboulet (Secteur du Crédit Agricole) dans une canalisation utilisée du IIe au IVe s. (ibid.,, 172* 3, p. 465) et une seconde dans un espace bétonné compris entre deux murs (ibid., p. 468), le quartier de Mouleyrés (ibid., 179*, p. 502), le secteur du Cimetière à Trinquetaille (ibid., 262*), les domus de la Verrerie (ibid., 300*). Ces canalisations sont connues essentiellement par les inscriptions qu'elles portent et toutes ne sont pas localisées avec certitude (ibid., 526*, p. 762-763). Cette liste a pour principal intérêt de montrer l'extension du système hydraulique à l'ensemble de la ville. Jusqu'à présent, aucune canalisation de bois n'a été signalée ;

F. Benoit avait signalé plusieurs égouts dont l'un, le « grand égout du Méjan » orienté sud-nord, a une importance particulière (ibid., 58* - 62*, p. 337-338). Leur réseau commence à être plus connu. Deux secteurs ont fait l'objet de fouilles. Le premier est situé dans le secteur du forum au nord des cryptoportiques (ibid.,, 63*, p. 359). Le second est au sud des thermes de Constantin où plusieurs égouts en relation avec le cardo ont été reconnus lors des fouilles dans des caves (ibid.,, 74*, p. 385-386). Ces égouts dont l'un est tardif témoignent de différentes phases dans l'organisation des évacuations dans ce quartier. Une situation équivalente a été retrouvée plus à l'ouest. Rue du Séminaire, une fouille a permis de reconnaître la succession de deux égouts, l'un en usage entre la fin du Ier s. et le début du IIe s, le second dans la première moitié du Ve s. en relation avec le réaménagement du secteur (ibid.,, 104 * p. 401). Dans le quartier de la Roquette où des égouts étaient signalés (ibid., p. 454, 143*, 144* et 145*), A. Genot a reconnu rue Élie Giraud sous un dallage un égout de direction nord-ouest / sud-est, réaménagé au cours du IVe s. (ibid.,, 140*, p. 452-453). Ces égouts dont une cartographie est prévue témoignent de l'extension de l'urbanisme dans des secteurs de la ville encore mal connus. Toutefois, en l'absence de découverte d'éléments de tuyauterie qui leur seraient associés, ils n'apportent qu'un témoignage très indirect sur les adductions.

Arles, la rive droite : la question de l'alimentation de Trinquetaille

Les fouilles de Trinquetaille ont montré que les besoins en eau de la partie de la ville située en rive droite ne différaient pas fondamentalement de ceux de l'autre rive. Certes là encore, on connaît surtout les évacuations : le grand égout du Secteur de La Pointe (ibid., p. 608), celui qui a été repéré sous une rue dans le secteur du Cimetière (p. 620) ou encore au nord de la papeterie Etienne au nord de la papeterie Etienne (ibid. p. 689-690, p. 689-690). Mais les bassins du quartier artisanal ou ceux des domus (Brossolette dans le Secteur de la Verrerie), les Thermes du Haut Empire dans le secteur de Saint-Genest (ibid. p. 671, 326*) devaient être alimentés par des adductions.

Ce constat justifie de porter une attention particulière à la question de l'alimentation en eau de quartier par une adduction passant en siphon dans le lit du Rhône, la « canalisation sous-fluviale ». Celle-ci a été étudiée par A. Cochet et J. Hansen dans les années 1980. La principale nouveauté est due à G. Fabre et J.M. Ignace à partir de l'étude qu'ils ont conduite sur l'aqueduc de la Costière dans le département du Gard sur la commune de Bellegarde. Ils suggèrent en effet qu'un pont aqueduc dont les bases des piliers ont été mis au jour aurait traversé la plaine alluviale vers Fourques (ibid., p. 143-146). Destiné à la ville d'Arles, ce aqueduc aurait franchi le Petit Rhône dans le lit duquel ont été anciennement signalées les bases d'un ouvrage de franchissement de date et de destination incertaines. Cette hypothèse a relancé les études sur l'alimentation du quartier de Trinquetaille en contribuant à fragiliser l'hypothèse ancienne de son alimentation par une canalisation  passant dans le fleuve.Dans le projet déposé, il était proposé de recourir à l'analyse des dépôts carbonatés prélevés sur le site de Trinquetaille afin de voir l'eau qui les avait déposés provenait de la Costière du Gard ou des Alpilles. Le contexte géologique des sources impliquait une différence dans leur composition chimique. La mise en place de sa recherche n'a pas encore permis d'identifier les sites de prélèvement.

 

Retour au Menu

Page suivante